A l’occasion d’une cérémonie organisée à Paris, l’Équerre d’argent, souvent considérée comme le Goncourt de l’architecture, dévoilait son palmarès complet. Cette année, l’accent était mis sur le réemploi du patrimoine bâti et l’intégration du végétal.
Équerre d’argent 2023

Le logement social à l’honneur

Sous la présidence d’Emmanuelle et Laurent Beaudouin, lauréats 2022 pour leur travail sur la médiathèque Charles-Nègre à Grasse (Alpes-Maritimes), le jury lançait la 41ème cérémonie de l’équerre d’argent à la Station F (Paris) le 20 novembre dernier. 

Peut-être était est-ce un signe que dans cette ancienne halle ferroviaire du XIXème, devenue plus grand incubateur d’entreprises du monde grâce au travail de Jean-Michel Willmote, le prix revienne à un projet de rénovation ambitieux.

D’ambition, les agences François Brugel Architectes Associés et H2O n’en manquèrent pas lorsqu’on leur demanda de transformer l’ancien ministère des armées, situé dans le 7ème arrondissement parisien, en 254 logements sociaux pour le compte de la Régie Immobilière de la Ville de Paris. 

L’appréciation du jury :

« Une belle histoire de tissage entre neuf et existant, qui rend compte de la transformation de la ville sur elle-même, en plein cœur de Paris. On parle ici de transformation de bureaux sans qualité en logements sociaux avec une attention portée à tous les détails : implantation, orientation, travail subtil sur la lumière, le béton et la qualité des espaces intérieurs et extérieurs. Un projet d’une maîtrise éblouissante dans la manière dont l’ensemble a été conçu et construit. »

La dernière fois que cette distinction était allée à un programme de logements, c’était en 2011, pour la réhabilitation de la tour Bois-le-Prêtre, à Paris, par les agences Druot et Lacaton & Vassal.

Première œuvre pour une première école

Parmi les catégories de l’Équerre d’argent, le « Prix de la Première Œuvre », que la MAF parraine chaque année, figure en bonne position. Véritable baromètre de la jeune génération, tant les lauréats de ce prix sont souvent destinés à de belles carrières, la distinction récompense le travail d’un architecte de moins de 35 ans à la date du dépôt de la demande de permis de construire. Cette année, c’est à l’agence Huitorel & Morais architectes qu’elle a été attribuée, pour la réalisation d’une école publique à La Selle-Craonnaise (Mayenne).

L’appréciation du jury :

« Une réalisation exemplaire qui, par la démarche de ses protagonistes, y compris les écoliers, va au-delà de la seule architecture. La virtuosité du plan-masse, par rapport au paysage et à la topographie, vient créer un univers de tranquillité et de centralité, qui joue sur toutes les échelles, de la ville à la salle de classe. Les architectes font preuve ici d’un réel savoir-faire constructif, au travers de détails frustes, mais justes. Leur choix d’un terrain d’implantation autre manifeste leur sens aigu des responsabilités. L’opération modifie le contexte d’ensemble en revêtant les qualités spatiale et urbaine d’un centre-ville bien qu’elle soit située en bordure de commune. »

A cette occasion, Jean-Claude Martinez, Président de la MAF, a tenu à souligner l’engagement de la Mutuelle aux côtés de ceux qui embrassent la carrière de concepteur tout en réaffirmant sa détermination à prendre en compte les évolutions du secteur. 

Sur fond d’urgence climatique et de transition écologique, il l’a rappelé avec conviction : « la MAF se tient aux côtés des concepteurs pour accompagner ces évolutions et les assurer dans toutes leurs missions. »

Tolila + Gilliland, Vurpas Architectes, A6A Architectes et Osty et associés

Dans les autres catégories, A6A Architectes est lauréat du Prix « Habitat » pour la réalisation de 32 logements répartis en 2 immeubles à Bordeaux. Vurpas Architectes repart avec la distinction « Prix Culture, Jeunesse et Sport » saluant la transformation d’une grande halle de marché en crèche et groupe scolaire à Lyon Confluence. 

Tolila + Gilliland, lauréat du prix de la Première œuvre en 2012, repart cette fois ci avec la statuette « Lieux d’activité ». Aux côtés de la Fondation « L’élan retrouvé », ils livrent « une réponse juste, sensible et simple à un programme compliqué. A l’opposé d’un bâtiment machine, c’est une architecture thérapeutique qui inspire le réconfort et respire la sincérité. Médecins et patients ont envie d’y venir et de rester ensemble. Un équipement qui diffuse de la générosité. »

Enfin, Osty et associés, paysage urbanisme, l’agence de Jacqueline Osty, connue entre autres pour la conception des parcs parisiens de Clichy-Batignolles et du parc zoologique du bois de Vincennes, repart avec le prix « Espaces publics et paysagers » pour le réaménagement des Promenades de Reims (Marne).