Cette semaine, l’actualité hebdomadaire des paysagistes aborde la transformation en cours du secteur, l’émergence des forêts urbaines et des parcs verts à Paris et Marseille ainsi que l’essor des toitures végétalisées.
L’actualité des concepteurs : Paysagistes n° 5

L’accélération de la concentration du marché du paysage

Le secteur du paysage est en pleine mutation avec l’arrivée de grands groupes de travaux publics comme Vinci ou Spie Batignolles. Ces géants, à travers leurs rachats d’entreprises, modifient le paysage concurrentiel. Si cette consolidation présente des bénéfices pour les entreprises en place, notamment en structurant la filière, elle suscite aussi des craintes. Certains acteurs redoutent que ces nouveaux entrants grignotent des parts de marché en répondant plus facilement que les spécialistes du paysage à des appels d’offres globaux des collectivités.

Dans ce contexte, les sociétés de paysage cherchent à préserver leur identité. Elles misent sur leur savoir-faire historique autour du « vivant » ainsi que sur leur expertise en génie écologique. Ce positionnement leur permet de se différencier des généralistes des travaux publics en quête de verdissement. Cependant, cette stratégie de distinction n’est pas toujours facile à mettre en œuvre. Certaines sociétés de génie écologique souhaitent, au contraire, prendre leurs distances avec les entreprises de paysage, dont elles critiquent parfois les pratiques.

478 arbres plantés pour la première forêt urbaine parisienne

Une petite révolution verte est en marche à Paris. La capitale, bien connue pour son architecture minérale, compte désormais des forêts urbaines parmi ses nouveaux joyaux. C’est dans le 14e arrondissement, place de Catalogne, qu’a poussé la première. Inaugurée par la maire Anne Hidalgo le 6 décembre dernier, elle totalisera à terme 478 arbres plantés sur 4000 m2.

Le chantier pharaonique entend transformer cet ancien giratoire en havre de fraîcheur, avec une baisse des températures de 4 °C attendue sous la frondaison. Charmes, chênes, mais aussi érables de Montpellier : un savant mélange d’essences locales et méridionales compose cette forêt au budget de 9,6 millions d’euros. Si le public n’y aura pas accès, il pourra flâner autour, notamment dans une clairière aménagée de 600 m2.

Ce n’est que le début de la mue arborée de Paris, qui souhaite devenir une « ville jardin ». D’autres chantiers sont en cours, comme celui de l’ancienne gare de Charonne qui accueillera 2000 arbres. La capitale compte bien verdir son image et rafraîchir ses étés caniculaires.

Un nouveau poumon vert à Marseille

Marseille poursuit sa mue écologique. Trois groupements de paysagistes ont été sélectionnés pour concevoir le futur parc du ruisseau des Aygalades, qui verra le jour au cœur de l’opération d’intérêt national Euroméditerranée. Parmi eux, Michel Desvigne Paysagiste, West 8 Urban Design & Landscape Architecture et le cabinet D’ici là, déjà à l’œuvre sur le parc de Bougainville.

Ce vaste espace vert de 16 hectares prendra place sur l’actuel faisceau ferroviaire du Canet. Il répondra à plusieurs ambitions : lutter contre les inondations grâce à un rôle de régulateur hydraulique, renaturer la zone avec une trame verte privilégiant la biodiversité, et créer un lieu de vie pour les habitants. Avec le parc de Bougainville, cette partie de Marseille bénéficiera à terme d’une coulée verte de 20 hectares.

Le lauréat du concours sera désigné fin 2024. Les travaux doivent ensuite démarrer en 2028 pour une livraison au plus tôt en 2030, avec un budget de 64 millions d’euros. L’objectif est clair : faire émerger ici la ville méditerranéenne durable de demain.

Bâtiment | Le végétal prend de la hauteur sur fond d’innovations

Plus 10 % de surfaces en 2022 : le marché des toitures végétalisées connaît actuellement un essor important. Plusieurs facteurs viennent soutenir cette croissance. Tout d’abord, de nouvelles réglementations encouragent leur installation, avec obligation pour les bâtiments d’équiper leurs toits de plus de 500 m2, soit de panneaux photovoltaïques, soit de couvertures végétales.

Autre facteur qui influence cette tendance : la gestion de l’eau, qui devient un enjeu essentiel. Les toitures concentrent 30 % des surfaces imperméabilisées. Les végétaliser permet de mieux maîtriser l’eau, en stockant une partie des précipitations ou en choisissant l’infiltration. Les entreprises du secteur rivalisent d’innovations dans ce domaine, avec des solutions high-tech pour optimiser les capacités hydrauliques.

Enfin, le solaire prend aussi de la hauteur avec le développement du biosolaire, associant panneaux photovoltaïques et végétation pour un meilleur rendement énergétique.

Les entreprises de l’étanchéité et du paysage se livrent une rude bataille pour capter les opportunités offertes par ce marché en plein essor. La filière cherche à parler d’une seule voix pour peser davantage au niveau politique et réglementaire. L’avenir s’annonce radieux pour le végétal en hauteur.