Les grandes agences françaises vs les grandes agences mondiales, la mutation des casernes parisiennes, Maud Caubet qui dessine un bâtiment signature pour la porte de Bagnolet et Aurélie Cousi nouvelle directrice de l’architecture. Mesdames et Messieurs, veuillez prendre place, le numéro 96 de l’HebdoMAF est paré au décollage.
mafassurances

Les titres de chaque paragraphe sont cliquables pour vous proposer l’article original.


Dans le monde de l’architecture, la France fait figure d’exception

Point de passage attendu par beaucoup chaque année, le classement des 400 plus grandes agences d’architecture françaises publié par le magazine d’a était l’occasion de découvrir le chiffre d’affaires des ténors hexagonaux. Si des noms bien connus pointent dans un top 10 de « starchitectes », ce classement est également l’occasion d’une comparaison, et notamment avec le classement réalisé par la revue anglaise Building Design.

Dans son classement du top 100 mondial des agences d’architecture, point de Français et un constat : le décalage. Nullement lié à la qualité architecturale et au renom des concepteurs nationaux, le delta entre les figures de proue des deux classements est abyssal.

Ainsi dans le classement d’a, Arep, l’agence d’architecture de la SNCF, domine la concurrence de la tête et des épaules avec une avance de près de 17 millions sur le chiffre d’affaires mensuel à 70 millions d’euros, quand le mastodonte américain Gensler pointe à 1,2 milliard de dollars, seul en tête du classement Building Design. 

Un écart qui se traduit par la manière dont est pratiquée l’architecture : si à l’international, la course au gigantisme se traduit par des agences toujours plus grandes, en France, le secteur est marqué par près de 46% des architectes travaillant en individuel et 80% des structures employeuses regroupant moins de 5 personnes.

 
Les casernes parisiennes au garde à vous

Elles représentent des îlots de mètres carrés préservés en plein milieu d’une capitale saturée, et pourtant depuis de nombreuses années, la plupart des casernes parisiennes ressemblaient davantage à des lieux fantômes qu’à des lieux de vie.

C’était le cas par exemple de la caserne de Reuilly, située en plein cœur du 12ème arrondissement de Paris, qui accueillait au 19ème siècle 2500 soldats et était à l’abandon depuis le tournant des années 2000. Lorsque l’Etat cède le bâtiment à la ville de Paris, une contrainte : respecter le PLU et l’obligation d’y construire 50% de logements sociaux. 7 ans après le démarrage des travaux. Pari réussi : entre réemploi de matériaux, capitalisation sur le charme teinté d’histoire et place d’armes paysagée, le résultat offre de lumineux logements. 582 au total, dont 339 sociaux, réalisés par l’agence suisse Anyoji Beltrando et Charles-Henri Tachon, récent lauréat du Prix de l’Equerre d’argent.

Au nord de la capitale, c’est la caserne de pompiers de Château-Landon qui est en pleine mutation. A l’abandon depuis 2005, elle rouvrira bientôt ses 5000m² entièrement restructurés par l’agence Chaix & Morel et dédiés à la mode : à l’intérieur, un incubateur de la création et des ateliers d’artistes offriront une nouvelle vie résolument créative à ces anciens murs militaires.

Plus au sud, dans le 13ème arrondissement, l’agence Chartier Dalix requalifie entièrement la Caserne de Lourcine en bâtiments destinés aux ministères de l’Education nationale et de la Jeunesse et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. En 2018, la caserne Saint-Didier (16ème) a laissé place à 200 logements mixtes, celle de Minimes se transforme actuellement en lieu d’activités pendant que la caserne d’Exelmans accueille migrants et familles réfugiées en plein cœur du 16ème arrondissement de Paris. 

Bref, après des décennies de fermeture, les grandes portes de ces bâtiments s’ouvrent aux parisiens pour écrire une nouvelle histoire.


Maud Caubet dessine des écailles pour Bagnolet

Les amateurs de chine et les ferrailleurs connaissent bien le lieu : le marché à la ferraille occupe cette parcelle triangulaire coincée entre le périphérique et l’axe Gallieni. Mais bientôt, ici, s’élèveront quelques 5 000 m2 de bureaux : le marché se tient désormais de l’autre côté de la rue pour le plus grand bonheur des habitués qui y trouvent de biens meilleurs conditions d’accueil et des stands plus grands.

En plein cœur d’un quartier qui devrait radicalement changer dans les années à venir, Maud Caubet propose de lier patrimoine et avenir dans une réalisation qui rend hommage à l’histoire du lieu. 

Pour rompre avec les angles de la parcelle exigüe, l’architecte propose un bâtiment arrondi, plein de douceur et camouflé derrière une façade jalonnée d’écailles métalliques éclairées par des LEDs, habillage évolutif qui permettra de créer des œuvres éphémères sur la façade.

A l’intérieur, Maud Caubet fait le choix du cocon avec des espaces végétaux protégés des nuisances du périphérique. Au dernier étage, une grande serre ouvrira de larges ouvertures sur la capitale et les bâtiments les plus iconiques de sa ligne d’horizon.

Impossible pour autant de donner une date de livraison : « Nous avons accumulé deux ans de retard pour le moment à cause de problèmes dans l'achat du terrain. Le quartier commence à peine sa mutation, nous serons peut-être le premier à sortir de terre mais pour l'instant il y a une certaine inertie, tout le monde s'attend », explique l'architecte. Selon elle, une fois l'administratif réglé, le chantier devrait durer 18 mois.
 

Aurélie Cousi, nouvelle directrice chargée de l’architecture

Sur proposition de Franck Riester, ministre de la Culture, Aurélie Cousi est la nouvelle directrice de l’architecture, adjointe au directeur général des patrimoines. En fonction depuis le 1er février, elle succède à Agnès Vince qui était en poste depuis 2014 et à Corinne Langlois qui avait assuré l’intérim depuis Novembre 2019.

La nouvelle directrice présente un cv solide : polytechnicienne, ingénieur en chef des ponts, des eaux et des forêts, 15 ans passés au service des établissements publics et des collectivités dans les domaines de l’aménagement, l’urbanisme et de la construction publique.qui ont fait d’elle un témoin privilégié des mutations sociétales, des enjeux environnementaux et sociaux et de la fabrication de la ville.

Parmi les missions qui lui sont confiées, Aurélie Cousi devra « piloter la politique publique de l’architecture, en veillant à soutenir et à valoriser la qualité et l’innovation architecturales, avec une attention particulière aux enjeux de transition écologique et de développement durable. Les conditions d’exercice de la profession d’architecte et le développement de la filière économique de l’architecture seront au cœur de sa mission. Elle sera aussi pleinement impliquée dans l’accompagnement du réseau des 20 écoles nationales supérieures d’architecture et de leurs 19 800 étudiants. Elle se verra enfin confier par le directeur général des patrimoines des missions transversales spécifiques relatives à l’architecture et aux patrimoines », selon le communiqué de presse officiel.